Avant toute chose, il faut savoir que, malheureusement, l'intuition n'aide que très peu à la compréhension des phénomènes physiques dès que l'on aborde des domaines très éloignés de notre expérience quotidienne, comme la cosmologie par exemple. Souvent, même, cette intuition conduit à une interprétation complètement fausse des phénomènes étudiés. Le scientifique n'a que les équations de la physique pour guider ses réflexions. Non pas que l'intuition et l'imagination n'aient pas de place dans la démarche scientifique, mais ces qualités - nécessaires au progrès de la science - doivent être rigoureusement appliquées sur une structure mathématique, sous peine de dériver inexorablement vers la science-fiction.
Je vais donc devoir faire une lecture quelque peu critique de vos idées.
Tout d'abord, la taille de l'Univers peut être calculée précisemment en fonction de certains paramètres que l'on peut en principe observer (comme le taux d'expansion actuel de l'Univers et sa densité actuelle). Cette expansion n'a en effet aucune raison de se produire à la vitesse de la lumière. Seulement, en supposant que ces paramètres soient connus précisemment, pour certaines valeurs de ces paramètres la taille de l'Univers peut être infinie (tout en étant en expansion!), et le big-bang initial aurait lui-même une taille infinie. Dans ce cas, il n'y a pas de place pour un «au-delà».
Mais même dans le cas où l'Univers a une taille finie la question de l'«au-delà de notre univers» n'a pas de sens, en tout cas si on lui donne le sens géographique traditionnel. En effet, si l'Univers à une taille finie, il est fermé sur lui-même. Se demander ce qu'il y a "au-delà" est comme se demander ce qu'il y a au-delà du Pôle Nord. Ici, notre intuition nous trompe car nous n'arrivons pas, à cause des limitations de notre cerveau, à imaginer un espace à trois dimensions courbé sur lui-même.
Quant à l'antimatière, il y en a dans notre Univers. Remarquez que le fait de «penser qu'il y a de l'anti matière au-delà de notre univers» n'est pas un argument scientifique. Même si la question de l'existence de l'«au-delà de notre univers» était fondée, il n'y a strictement aucune raison de penser que cet au-delà contiendrait une certaine sorte de matière plutôt qu'une autre.
Mais quoi qu'il en soit, je ne vois aucune raison - et à ma connaissance aucun autre scientifique non-plus - pour qu'un univers crée «des champs magnétiques énormes». Pour générer des champs magnétiques, il faut des courants électriques, mais comme il y a des charges positives et négatives, qui peuvent avoir des directions arbitraires, et que les signes semblables se repoussent, il est impossible de générer des champs électriques ou magnétiques organisés sur de très longues distances. C'est différent pour la masse, car on ne connaît pas de matière à masse négative, et même si cela existait, les masses de signe semblable s'attirent, ce qui permet une organisation à grande échelle. Je me permets de vous faire remarquer que vous passez sans sourciller des champs magnétiques à la masse, alors que ce n'est pas tout à fait la même chose !
Tout ceci concerne le modèle standard de notre Univers. Mais les scientifiques ayant une imagination sans borne, certains postulent que notre Univers est plongé dans un super-univers, dans lequel il pourrait y avoir un nombre très important d'univers comme le nôtre. Mais par définition, deux univers distincts ne peuvent pas interagir entre eux. Ce qui fait que ce genre de théorie ne pourra jamais dépasser le stade de la spéculation.
Dans d'autres théories, ce que nous appellons «notre Univers» n'est qu'une toute petite région de l'Univers, et il pourrait aussi y avoir plusieurs régions comme la nôtre. Peut-être que deux de ces régions pourraient en effet interagir. Mais ce ne sont que des spéculations beaucoup trop éloignées des faits expérimentaux pour être considérées autrement que comme un divertissement.
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Cette réponse a été préparée par Stephane.Paltani@obs.unige.ch