Le concours de réglage

C’est la rotation extrêmement régulière de la Terre sur son axe qui crée la succession des jours et des nuits. Pour rythmer et ordonner ses activités, l’Homme a subdivisé le jour en unités plus petites: heures, minutes, secondes. La rotation de la Terre est un fait astronomique, elle a jusqu’à une époque récente (~1950) servi de référence pour la Détermination de l’heure. Les astronomes avaient la charge de déterminer l’heure par l’observation du passage des étoiles au méridien (axe nord-sud d’un lieu donné). C’était le moyen d’obtenir un top très précis pour caler les pendules de référence.

L’évolution de la Société pour organiser ses activités a exigé de plus en plus de précision aux Garde-temps qui doivent rendre compte de l’écoulement du temps. Lire l’heure sur sa montre c’est prendre connaissance d’une mesure. La montre mesure le temps écoulé, elle produit mécaniquement des oscillations très régulières, les accumule et rend compte de leur accumulation par le biais des aiguilles.

Une montre se compose des organes suivants :

  1. Un organe moteur source d’énergie.
  2. De rouages charges de transmettre la force motrice aux organes suivants et de donner le mouvement au système d’affichage.
  3. Un échappement laissant échapper périodiquement une parcelle de force motrice.
  4. Un oscillateur fournissant, par un mouvement alternatif précis une unité de temps servant de base à la mesure. L’oscillateur est compose d’un balancier et d’un ressort spiral.

Les horlogers soucieux de perfectionner leurs produits ont créé des organes de contrôles. En Suisse les Bureaux suisses de contrôle Officiel de la marche des chronomètres (B. O.) et le Contrôle Technique des Montres (C.T.M.) ont été instaurés pour assurer une qualité à la production nationale. Les Observatoires chronométriques qui étaient chargés de la détermination du temps ont été naturellement sollicités pour le contrôle des montres. En Suisse ils sont aux nombre de deux, l’Observatoire chronométrique de Neuchâtel et l’Observatoire de Genève. De tous les organes de contrôle qui existent dans le milieu horloger les contrôles effectues dans les observatoires chronométriques ont été les plus rigoureux. Le caractère facultatif du contrôle par un observatoire chronométrique et la rigueur des épreuves en ont fait une compétition à part entière.

La précision de la marche d’une montre est conditionnée par la position dans laquelle elle se trouve et la température ambiante. La qualité d’une montre, est on s’en doute, le produit du choix des alliages qui compose ses organes, de leur judicieuse conception et du soin apporté à assembler ceux-ci. Cependant, si pour la plupart des constituants de la montre la précision de ceux-ci est définitivement établie par la qualité de l’usinage, c’est sur le système oscillateur que l’on va pouvoir agir pour régler la marche de la montre.

Le balancier d’une montre est la pièce la plus sensible aux changements de température. Pour limiter les effets du changement de température sur la marche des montres, les horlogers utilisent le balancier-spiral bimétallique. Le coefficient de dilatation différent pour chaque métal qui compose le balancier compense par réaction l’écart de l’autre. Les ingénieurs calculent les balanciers pour des températures comprises entre 5 et 35 degrés. Les horlogers appellent COMPENSATION l’art qui consiste à réduire les écarts de marche dus à la température. C’est au savoir faire du Régleur que revient la tache de trouver le réglage moyen qui donne la plus grande précision à la marche de la montre.

Les épreuves du concours de réglage se portaient sur les critères suivants :

  • Positions
    Il s’agit de mettre en évidence les écarts de marche dans différentes positions de la montre.
  • Coefficient thermique
    Il faut définir l’écart de marche pour 1 degré centigrade.

Il est difficile de faire un description détaillée et exhaustive du concours, au cours des ans la technique est en constant progrès, que ce soit pour les chronomètres ou pour les appareils de contrôle, une foule de petits problèmes a été prise en considération et intégrée pour améliorer la qualité du contrôle des épreuves. La description qui va suivre illustre fidèlement le déroulement des épreuves pour les chronomètres de bord, sans entrer dans la description de détails fastidieux, cette catégorie a été la plus fréquentée et nombreux sont les collectionneurs qui nous demandent des extraits de registre. Les autres catégories subissaient des épreuves semblables, plus exigeantes pour les chronomètres de marine et nettement moins sévères pour les catégories de petits calibres.

Au cours des années les épreuves se sont déroulées de manière assez uniforme, il fallait avoir la possibilité de comparer les progrès d’une année à l’autre. Le premier concours n’avait qu’une seule catégorie, mais la fabrication évoluant il a fallu au fil des ans discerner des catégories nouvelles, le dernier concours de 1968 considérait 5 catégories.
Le tableau ci-dessous montre le déroulement du concours pour la catégorie des chronomètres de bord.

CHRONOMETRES DE BORD
Période de
à
1879
1889
1890
1952
1953
1968
Période de
à
1.- Position pendant en haut 5 jours 5 jours 4 jours 1.- Position pendant en haut
2.- Position pendant à droite 5 jours 5 jours 4 jours 2.- Position pendant à droite
3.- Position pendant à gauche 5 jours 5 jours 4 jours 3.- Position pendant à gauche
4.- Cadran en haut et à la glacière 5 jours 6 jours 4 jours 4.- Cadran en bas
5.- Cadran en haut 5 jours 6 jours 4 jours 5.- Cadran en haut
6.- Cadran en haut et à l’étuve 5 jours 6 jours 6 jours 6.- Température 4 degrés
7.- Cadran en bas 5 jours 6 jours 6 jours 7.- Température 20 degrés
8.- Position pendant en haut 5 jours 5 jours 6 jours 8.- Température 36 degrés
9.- - - 6 jours 9.- Pendant en haut
Nombre de jours 40 jours 44 jours 44 jours Nombre de jours

Pour obtenir un bulletin de marche, un chronomètre doit satisfaire à certaines conditions, différentes pour chaque catégorie.
Les trois critères principaux qui servent à juger de la valeur d’un chronomètre sont :

  • 1.- L’écart moyen de la marche diurne
  • 2.- L’écart moyen de période à période ou l’écart moyen de changement de position.
  • 3.- L’erreur de compensation pour un degré centigrade

1.-L’écart moyen de la marche diurne
On divise la durée des épreuves en un certain nombre de périodes, dont la longueur varie suivant la catégorie d’épreuves. Pour chacune de ces périodes, on calcule la marche moyenne, et pour chaque jour de la période, la différence entre la marche diurne correspondante et la marche moyenne de la période. Cette différence s’appelle écart de marche, et la somme des valeurs numériques de tous ces écarts, constitue l’ écart moyen de la marche diurne.

2.- Écart moyen de période à periode
Pour toutes les périodes pendant lesquelles le chronomètre a été soumis à la température ordinaire, on calcule la marche moyenne. On prend la moyenne générale de ces marches moyennes et l’on forme les écarts entre la marche moyenne de chaque période et cette moyenne générale. La somme des valeurs de tous ces écarts, divisée par le nombre des périodes, constitue l’écart moyen de période à période.

3.- Erreur de compensation pour un degré centigrade
Tous les chronomètres sont, au cours des comparaisons, soumis à des épreuves de températures, de durée variable suivant les cas, appelés épreuves thermiques, et pendant lesquelles ils conservent la même position.
Pendant la première période, le chronomètre est placé dans la glacière à une température d’environ 5 degrés, pendant la deuxième période il est placé à la température de la salle (20 degrés); pendant la troisième période, il est placé dans l’étuve à 35 degrés.
On calcule la marche moyenne de chaque période et la moyenne générale de ces trois marches moyennes; puis on forme les écarts entre la marche de chaque période et cette moyenne générale.
On calcule de même la température moyenne de chaque période et la moyenne générale de ces trois températures moyennes; puis on forme les écarts entre la température moyenne de chaque période et cette moyenne générale.
On prend ensuite la somme des valeurs numériques des trois écarts de marche et la somme des valeurs numériques des trois écarts de température. Le quotient obtenu en divisant la première somme par la deuxième constitue l’ erreur de compensation pour un degré centigrade.